Cet article est un résumé, vous trouvez sa version longue en lien à la fin.
Près d’un cinquième des émissions de gaz à effets de serre de l’Union européenne sont dues aux voitures particulières.
Pour lutter contre le phénomène, la Commission européenne a décidé qu’à partir de 2035, seules les voitures « zéro émission », en clair essentiellement des voitures électriques, seront autorisées à la vente.
Pourtant une voiture « zéro émission » ça n’existe pas, alors la Commission européenne nous raconte-t-elle des salades ? (spoiler alert : c’est un poil plus subtil…).
La fabrication (et le recyclage) des voitures électriques ne sont pas « zéro émission »
Un véhicule électrique est fabriqué et recyclé avec des processus carbonés.
Et une voiture électrique émet beaucoup de gaz à effet de serre à la fabrication par rapport à un véhicule thermique : presque 2 fois plus suivant les modèles et lieux de fabrication, on appelle cela sa « dette carbone« .
Même si les technologies évoluent rapidement, les projections à 2030 ne changent pas beaucoup la donne.
L’usage du véhicule électrique n’est pas non plus « zéro émission »
Durant sa phase d’usage, le véhicule électrique utilise une électricité produite en émettant des gaz à effet de serre qui dépendent du « mix électrique » du lieu d’utilisation.
Le mix électrique est la proportion des différentes sources d’énergie utilisées pour produire l’électricité du pays d’usage de la voiture électrique.
Et là, les compositions et performances varient fortement d’un pays à l’autre.
Amorties sur l’ensemble de leur cycle de vie, les émissions de gaz à effet de serre des sources d’électricité peuvent varier d’un facteur de presque 200, du nucléaire le plus « vertueux » au charbon le plus « sale ».
Conséquences pour notre voiture électrique : ses émissions par kWh d’électricité consommé varient fortement d’un pays à l’autre durant leur utilisation.
Les émissions de gaz à effet de serre des véhicules électriques varient selon les pays
Pour estimer les émissions d’un véhicule électrique sur l’ensemble de son cycle de vie, il faut donc tenir compte :
- de celles liées à sa fabrication et son recyclage
- de son kilométrage et de sa consommation électrique au kilomètre
- des moyens de productions d’électricité des pays et de leurs évolutions projetées. Ces évolutions visent à atteindre la neutralité carbone en 2050 et sont censées suivre les stratégies nationales bas carbone des pays.
Même s’ils ne sont donc pas « zero émission », sur l’ensemble du cycle de vie, les véhicules électriques émettent beaucoup moins de gaz à effet de serre qu’un modèle à moteur thermique équivalent.
L’écart va d’un tiers de moins à près de 4 fois moins suivant les modèles et pays.
Et cocorico ! Grâce à ses centrales nucléaires, la France est parmi les pays les plus favorables aux voitures électriques en termes d’émissions de gaz à effet de serre.
De plus, étant donné que le gros des émissions d’un modèle électrique à lieu à la fabrication, plus il roule, plus il devient « vertueux » par rapport à son équivalent thermique.
La décarbonation des véhicules particuliers reste à la merci des crises et des décisions politiques
Les voitures électriques ne sont donc pas « zéro émission », mais le potentiel pour réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre est réel. Il est directement liés aux mix électriques des pays de fabrication et d’utilisation.
Plus celui-ci est décarboné, plus la réduction de gaz à effet de serre associée au passage au véhicule électrique sera importante.
Si les ambitions affichées par les pays semblent aller vers toujours plus de décarbonation de l’électricité, les crises et les manques d’anticipation se mettent parfois en travers du chemin.
Deux exemples nous l’ont récemment démontré :
- La guerre en Ukraine : avec la crise du gaz russe, des centrales à charbon ont rouvert en Europe… et ont augmenté les émissions moyennes du mix énergétique européen
- l’absence de stratégie énergétique de long terme claire et cohérente en France a conduit à l’arrêt de réacteurs nucléaire et à l’obligation d’acheter à nos voisins une électricité plus carbonée.
« Les prévisions, c’est difficile… surtout quand ça concerne l’avenir. »
Pierre DAC
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