Séquestration carbone : l’arbre qui cache la forêt de la décarbonation

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Pour contenir le réchauffement climatique à 1.5 º par rapport à l’ère préindustrielle, il faut que les émissions nettes de CO2 soient égales à zéro d’ici 2050.

La neutralité carbone ou émissions nettes de CO2 égales à zéro ou Net zero CO2 emissions, c’est selon la définition du GIEC, une “situation dans laquelle les émissions anthropiques nettes de CO2 sont compensées à l’échelle de la planète par les éliminations anthropiques de CO2 au cours d’une période donnée.”

Pour cela deux axes complémentaires doivent être mis en oeuvre à l’échelle de la planète

1- réduction des émissions de CO2 avec la décarbonation des systèmes énergétiques, transports, industrie, etc.

2- développement de l’absorption du carbone via des procédés industriels ou des “puits de carbone” biologiques comme les forêts ou les sols.

Cet objectif planétaire est mis en œuvre localement par les pays via leur stratégie nationale bas carbone qui énumère les engagements de réductions d’émissions et d’absorption du carbone. 

L’ensemble des promesses de développement de “puits de carbone” biologiques (forêts et sols) des pays représentent à ce jour une surface équivalente à celle de la totalité des terres cultivées sur la planète, soit une superficie de 1,2 milliard d’hectares :

  • Pour moitié il s’agit de reforestation/changement d’usage des sols avec comme conséquences des risques sur les terres agricoles, les écosystèmes et le droit des communautés locales.
  • Seule l’autre moitié repose sur la régénération et la restauration des sols/forêts dégradées.

Dans le cas de la France, sa stratégie nationale bas carbone (SNBC) prévoit qu’elle atteindra en 2050 son niveau d’émission incompressible (agriculture et procédés industriels) d’environ 80 Mt CO2eq.

Pour équilibrer ces émissions résiduelles, il faudra donc absorber 80 Mt CO2eq.

Les engagements de la SNBC hexagonale sont une absorption de : 

  • 70 Mt CO2eq par des puits carbone naturels (bois, forêts)
  • 10 Mt CO2eq via des procédés industriels de capture et stockage de carbone.

Selon l’Institut de l’économie pour le climat I4CE ces objectifs de développement des puits de carbone biologiques franchissent “probablement les frontières du réalisme sur les produits bois”.

The Land Gap Report exprime les mêmes doutes pour l’ensemble des pays quant à leur utilisation des puits de carbone biologiques dans leurs stratégies zéro émissions. En insistant en particulier sur une superficie mondiale requise pour absorber le carbone irréaliste : elle demande un changement d’utilisation des terres équivalent à la moitié des terres cultivées mondiales.

Si la séquestration carbone est un moyen d’atteinte de la neutralité, il ne faut pas oublier qu’elle doit nécessairement être associée à une décarbonation ambitieuse… et non s’y substituer.


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