La lecture de l’article très intéressant de Carbone 4 “Le carbone et le climat, facteurs déterminants pour l’avenir des forêts” m’a fait penser à une interview d’un des pionniers des crédits carbone Mark Trexler.
Mark Trexler a participé à la mise en place du « 1er » crédit carbone en 1988 et sa conclusion n’a pas changé depuis ses premiers travaux : il y a incompatibilité d’objectifs entre préservation des forêts de la planète (et donc des puits de carbone) et préservation des bénéfices des entreprises. Tout du moins tant que le coût du carbone ne sera pas réévalué.
Le péché originel semble résider dans la recherche d’une solution économique (au sens pas cher) à la crise climatique. Les marchés du carbone issus de Kyoto permettent aux entreprises et pays riches de délocaliser/compenser à bas coût leurs émissions carbone.
Sans une valorisation des enjeux de la crise climatique en cours et leur prise en compte à leur juste valeur par les États (avec une déclinaison contraignante – soit par la loi soit par le marché – au sein des juridictions), il est illusoire de voir les entreprises et les États s’engager dans une réelle décarbonation.
L’abondance d’énergies fossiles (à ce jour) est un prétexte/une excuse à un laxisme dans la mise en œuvre de la décarbonation de nos sociétés : on trouvera bien une solution et ce n’est pas si grave, ça permet d’aller à la plage en mars, de toute façon on ne représente rien et si la Chine ne veut pas à quoi ça sert, si ce n’est pas nous ce sera eux, etc.
Pourtant la réalité est que, depuis des dizaines d’années, nous sommes en pénurie de puits de carbone. Et, de façon étonnante, cette pénurie fait fi de la loi de l’offre et de la demande si chère à nos économistes !
Nos sociétés, si promptes à la valorisation stratosphérique des bénéfices futurs d’une quelconque startup de la promenade de chien ou autres services indispensables, sont incapables de valoriser correctement les conséquences de la pénurie de puits de carbone et du réchauffement climatique qui s’ensuit.
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