Comment une banane venant du Costa Rica peut-elle être neutre en carbone ? (spoiler alert : elle ne l’est pas)

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Les deux tiers des consommateurs sont prêts à changer leurs habitudes alimentaires pour des raisons liées à l’environnement selon une enquête de 2019 du BEUC*.

Un des freins majeurs déclaré pour passer à l’action est le manque d’informations  pertinentes pour effectuer un choix éclairé.

Depuis 2019, les étiquettes « neutre en carbone », “neutre en CO2” ou autre « climatiquement neutre » se sont multipliées. Une pratique dénoncée comme utilisant des éléments scientifiquement faux et trompeurs pour le consommateur (BEUC – étude de mars 2023).

Tout d’abord, la neutralité carbone n’existe pas à l’échelle d’une entreprise ou d’un produit selon le GIEC ou l’ADEME :  l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre lors de la fabrication du produit et leur élimination de l’atmosphère n’a de sens qu’au niveau mondial ou éventuellement d’un État selon l’ADEME.

Émissions nettes de CO2 égales à zéro – Net zero CO2 emissions: situation dans laquelle les émissions anthropiques nettes de CO2 sont compensées à l’échelle de la planète par les éliminations anthropiques de CO2 au cours d’une période donnée. On parle aussi de neutralité carbone.” Glossaire du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

D’autre part, ce qui sous-tend la plupart de ces revendications de “neutralité carbone” est l’utilisation de la compensation carbone, une pratique pour le moins controversée.

Elle permet aux entreprises d’acheter des crédits de carbone qui s’appuient souvent sur des projets de plantation d’arbres ou de préservation de forêts menacées dans les pays en développement.

Ces crédits sont censés « équilibrer » les émissions de carbone des activités de l’entreprise afin qu’elle revendique la « neutralité carbone »…. et affirme par exemple qu’une banane produite au Costa Rica et ayant voyagé jusqu’en Europe est neutre en carbone. 

Or le principe est tout sauf” équilibré”. Alors que les émissions des GES des entreprises sont effectives dès la fabrication de leurs produits, les effets compensatoires des projets sont à bien plus long terme et, surtout, pas garantis:

  • Les arbres peuvent par exemple mourir ou brûler et relâcher alors le carbone séquestré
  • La préservation des forêts ne capture pas de carbone supplémentaire et les menaces mises en avant peuvent être exagérées voire inexistantes

Une enquête du Guardian a récemment révélé que 90% des crédits de carbone vendus par le plus gros label de compensation du monde n’étaient pas associés à des réductions de carbone dans l’atmosphère.

Le BEUC estime donc que ces étiquetages trompent le consommateur et demande que ces fausses allégations soient interdites. 

RDV à partir du 23 mars 2023 où la commission européenne devrait publier des propositions sur cette thématique.

*Le BEUC « Bureau Européen des Unions de Consommateurs » est une association qui représente et défend les intérêts des consommateurs auprès des institutions européennes.


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